EN BREF
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La foresterie au Canada suscite un débat intense quant à son rôle dans les émissions de gaz à effet de serre. Selon un rapport, elle occupe la troisième position parmi les secteurs émetteurs, juste après les transports. Alors que l’industrie se décrit comme dynamique et bénéfique pour le climat, des organisations environnementales estiment que les émissions réelles pourraient atteindre 147 Mt de CO2 par an, bien plus que les 24 Mt rapportés officiellement. Ce désaccord découle de la méthode de déclaration des émissions, souvent critiquée pour ne pas tenir compte des incidences des incendies de forêt et des perturbations naturelles. Ainsi, les forêts, tout en servant de puits de carbone, souffrent d’une gestion qui pourrait exacerber leur rôle comme émetteurs, posant la question de la durabilité des pratiques forestières.
Le secteur forestier est régulièrement au centre d’un débat intense concernant son véritable impact sur les émissions de gaz à effet de serre (GES). D’un côté, l’industrie forestière met en avant la durabilité de ses pratiques, affirmant qu’elle contribue à la réduction des émissions par le biais de la séquestration du carbone. De l’autre, de nombreuses organisations écologistes et experts soulignent que la récolte massive d’arbres et les méthodes de déclaration des émissions pourraient masquer une réalité bien plus complexe. Cet article explore les facettes du débat sur si la foresterie doit être considérée comme un contributeur majeur ou mineur aux émissions de GES.
Les quantités d’émissions du secteur forestier
La foresterie canadienne, par exemple, a été rapportée comme le troisième plus grand émetteur de GES, juste derrière le secteur des transports. Alors que les organismes gouvernementaux affirment que le secteur émet environ 24 millions de tonnes équivalent CO2 par an, d’autres études, comme celle menée par des groupes tels que Nature Canada et Nature Québec, estiment que les émissions pourraient atteindre près de 147 millions de tonnes.
Ce fossé impressionnant s’explique par la manière dont le Canada applique ses méthodes de déclaration. Les nouvelles approches adoptées par le Rapport d’inventaire national d’Environnement et Changement climatique Canada soulignent des données révisées qui impactent significativement le bilan carbone du secteur. L’importance de cette réévaluation ne doit pas être sous-estimée, car elle pourrait remettre en question la perception de la foresterie en tant que puits de carbone.
Les controverses autour du bilan carbone forestier
L’argument selon lequel la foresterie serait une solution durable à la crise climatique repose sur la notion que les forêts, en tant que puits de carbone, absorbent plus de CO2 qu’elles n’en émettent. Toutefois, la dynamique de ce processus est fortement conditionnée par les pratiques de gestion forestière et l’impact des perturbations naturelles. Des incendies de forêt, des infestations d’insectes et d’autres processus peuvent non seulement diminuer la capacité de séquestration du carbone, mais aussi contribuer à des émissions nettes significatives.
Les forêts aménagées, où des activités humaines sont pratiquées, compliquent davantage cette image. La conversion de forêts anciennes et matures en zones de récolte peut générer de grandes quantités d’émissions de GES. La question se pose alors : les échanges de carbone réalisés lors de la récolte sont-ils bien compensés par la repousse, qui peut prendre des décennies ?
La double nature de la forêt : puits et émetteurs de carbone
Une des caractéristiques essentielles des forêts est leur double nature. D’une part, elles captent le carbone par le processus de photosynthèse et, d’autre part, elles peuvent également en relâcher, que ce soit par des méthodes naturelles ou dues à l’activité humaine. Au Canada, l’exploitation forestière, combinée à des perturbations comme les feux de forêts, peut mener à un bilan qui ne favorise pas nécessairement la réduction des GES.
Une étude propose que la récolte de bois émet non seulement du carbone à cause des déchets produits, mais aussi à travers des produits de bois à courte durée de vie, tels que le papier, qui génèrent d’importantes émissions. Contradictio in terminis, alors que la foresterie est souvent professée comme une solution aux changements climatiques, ses pratiques peuvent produire des effets opposés.
Les défis de la mesure et de la déclaration des émissions
Les défis liés à la mesure et à la déclaration des émissions de la foresterie impliquent des questions de méthodologie, de transparence et de précision. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) présente des lignes directrices que de nombreux pays, dont le Canada, suivent. Toutefois, ces lignes directrices laissent place à des interprétations variées, ce qui peut engendrer des écarts significatifs dans les bilans présentés.
Cet aspect des méthodes de déclaration a nourri une méfiance croissante envers la manière dont les émissions de la foresterie sont rapportées. En effet, des groupes de conservation soutiennent que le Canada inclut des arbres matures comme puits de carbone sans prendre en compte la richesse de carbone perdue due à leur abattage.
Les impacts des incendies de forêt et des perturbations naturelles
Les incendies de forêt, qui deviennent de plus en plus fréquents et intenses à cause des changements climatiques, ajoutent une autre couche de complexité au bilan carbone du secteur forestier. En incluant ces émissions dans le calcul, le poids total des émissions de la foresterie pourrait être considérablement augmenté. Les études démontrent que lors des feux de forêt de 2023, les émissions de GES attribuables aux incendies au Canada ont été quatre fois plus élevées que celles provenant des combustibles fossiles pour la même période.
Alors que certaines perturbations sont considérées comme naturelles, leur effet cumulatif sur le carbone forestier est dévastateur. Le Canada, tout en se targuant de sa gestion forestière, se démarque également par sa tendance à minimiser l’impact des feux de forêt sur les résultats présentés dans les rapports d’inventaire.
Vers une gestion forestière durable
Les voix critiques ne souhaitent cependant pas uniquement dénoncer, mais encouragent également la mise en œuvre de pratiques de gestion forestière durables. Cela pourrait impliquer la transformation du bois en matériaux durables, le ralentissement du rythme de coupe lorsque nécessaire et une collaboration accrue avec des chercheurs pour améliorer la mesure des flux de carbone. De plus, une plus grande transparence dans les rapports d’inventaire nationaux permettrait au grand public de mieux comprendre l’impact des décisions forestières sur le climat.
Il est crucial d’encourager des pratiques forestières qui minimisent les émissions de carbone tout en garantissant une gestion des ressources durables. Les engagements des états à réduire les GES doivent inclure des stratégies spécifiques pour la foresterie et la manière dont elle est intégrée dans les bilans globaux des émissions.
Conclusion : une voie à tracer pour l’avenir
La question de savoir si la foresterie est un contributeur majeur ou mineur aux émissions de GES reste ouverte et complexe. Chaque données, chaque changement d’interprétation des méthodes de calcul peut modifier les résultats. L’efficacité des forêts en tant que puits de carbone dépend de leur gestion, et l’avenir de notre climat pourrait bien être influencé par la manière dont nous choisissons de traiter notre ressource forestière. La transparence, la science, et des méthodes de déclaration rigoureuses et accessibles sont des éléments essentiels pour éclairer ce débat. En attendant, il est impératif d’explorer toutes les solutions possibles pour atténuer l’impact du secteur forestier sur les émissions.
Lorsqu’on analyse les émissions de gaz à effet de serre au Canada, la place de la foresterie suscite de nombreuses interrogations. Un rapport récent positionne ce secteur au troisième rang des plus gros émetteurs, juste derrière les transports. Ce classement surprend, car l’industrie forestière se présente souvent comme un acteur durable et même bénéfique pour le climat.
Les critiques des organisations environnementales pointent du doigt la méthode de déclaration utilisée par le Canada, jugée contestable. Nature Canada et d’autres entités affirment que les émissions réelles de la foresterie dépasseraient les 147 millions de tonnes de CO2 en 2022, un chiffre astronomique par rapport au bilan officiel de seulement 24 millions de tonnes.
Cette discordance soulève des questions sur la transparence et la précision des rapports d’inventaire national, qui sont essentiels pour évaluer les progrès du pays en matière de lutte contre le changement climatique. Les scientifiques et les écologistes se demandent si les forêts, considérées comme des puits de carbone, compensent réellement les émissions générées par leurs exploitations.
La forêt a une double nature, capable d’absorber le carbone tout en en relâchant par certaines activités humaines. La récolte de bois peut avoir des effets contradictoires : elle crée des matériaux durables, mais nécessite également des coupes qui compromettent le puits de carbone. De plus, l’âge moyen des forêts semble diminuer, augmentant la surface des aires émettrices de carbone.
Les divergences d’interprétation sur les chiffres d’émissions sont complexes. Certains chercheurs indiquent que le Canada attribue indûment le carbone des arbres qui ont repoussé après des incendies ou des ravages d’insectes à ses puits de carbone, suggérant qu’en réalité, les émissions seraient beaucoup plus élevées.
Parallèlement, le gouvernement canadien est critiqué pour son choix d’exclure les émissions des incendies de forêt de son bilan, tout en se prévalant des bénéfices des forêts en régénération. Cette démarche pose la question de la responsabilité des actions humaines sur la réalisation et la minimisation des dégâts causés par des feux.
Les enjeux sont multiples et impliquent une réévaluation des méthodes de calcul des émissions et des puits de carbone. Il devient impératif d’améliorer la transparence et la cohérence des rapports pour permettre une meilleure compréhension des coûts climatiques liés à la foresterie.
Les discussions persistent autour de la forêt et de ses diverses fonctionnalités, appelant à une approche holistique pour appréhender son rôle dans la lutte contre le changement climatique. La complexité des interactions entre les forêts, les émissions et les politiques de gestion forestière nécessite un consensus plus large et une action concertée.